N-1387 / F-1386

Il y a cinquante ans, un train reliait le sud de l’Italie à la Suisse. Ces wagons transportaient des travailleurs saisonniers, principalement des hommes, qui se rendaient à des emplois temporaires au-delà des Alpes. À cette époque, en Suisse, James Schwarzenbach s’est fait connaître du grand public pour sa campagne politique contre l’« Überfremdung », le prétendu excès de présence étrangère. Le référendum de 1970, bien que rejeté, a ouvert la voie à des politiques restrictives : les travailleurs ne pouvaient rester que neuf mois par an, avec des droits limités et loin de leurs familles.

Cette exposition photographique se concentre sur deux lieux symboliques de ce mouvement migratoire : la province de Tarente, point de départ, et Locarno, point d’arrivée. Pas de portraits, pas de visages : seulement des espaces, des architectures, des paysages urbains et ruraux qui conservent les traces silencieuses de ces histoires. Les images parlent de départs difficiles, de distances, de vies suspendues entre racines et avenir. Les géométries, les traces, les détails architecturaux racontent la fatigue, l’espoir et le sacrifice d’une existence précaire.

Il n’y a ni rhétorique, ni idéalisation : seulement le témoignage visuel d’un passé qui interroge le présent. Car cette vague migratoire n’est pas un chapitre clos, mais le reflet de dynamiques encore vivantes. L’immigration reste au centre des tensions politiques et culturelles. En l’absence de visages, ce sont les lieux eux-mêmes qui témoignent : mémoire muette des départs, des attentes et des luttes quotidiennes en marge.

Plus d’information : galleriaconsarc.ch